365 jours. Le silence est toujours aussi pesant. Les visages et les regards baissés sont dignes, croisés au même endroit, ce terrible 23 octobre 2015. C’était un vendredi. Point de départ d’un tourbillon emportant avec lui tant de nos familles, dans nos modestes villages, où nous n’aspirons à rien d’autre qu’à partager la vie simple qui nous a été donnée.
Comment surmonter la détresse? Comment trouver la force d’avoir survécu et celle de continuer à vivre? Comment dépasser la colère d’être confronté au sort le plus injuste et le plus brutal?
C’est le père Emeric de Roziéres qui a délivré, dans l’église de Puisseguin, la seule vérité qui vaille: « l’amour est plus fort que la mort« . Une vérité simple et fragile à la fois, comme le sont nos vies. Mais une vérité qu’il faut savoir transmettre, inlassablement.
Ce matin, à Petit-Palais et à Puisseguin, la peine des familles était contenue, étouffée, pudique. Elle n’en était que plus forte et même insoutenable.
En écoutant s’égrener le nom des 43 disparus gravés sur la stèle de Puisseguin dominant notre vallée, je pensais au poème de Verlaine: « son nom, je me souviens qu’il est doux et sonore, comme ceux des aimés que la vie exila« .
Les aimés. Voilà ce qu’ils étaient. Aimés d’un père ou d’une mère, d’un mari ou d’une épouse, d’un proche ou d’un ami, d’un voisin ou d’une simple connaissance.
Il nous reste à prolonger leur mémoire, là où ils sont. Et à entourer leurs familles du seul bien qu’il est possible à chacun d’offrir: notre si profonde affection. Celle du cœur. Celle qui ne trompe pas. Et qui permet de mettre un pied devant l’autre. Pour continuer d’avancer dans la vie.