Fillon : goutte d’eau sur pierres brûlantes

« Malhonnête », comme l’a affirmé Christine Angot? Il est trop tôt pour l’affirmer. La justice finira par rendre son verdict. Sauf si François Fillon est élu président de la République… immunité présidentielle oblige.

 

Il faudrait alors attendre 5 ans – et combien de révélations égrenées au fil du quinquennat ? – pour connaître la vérité judiciaire sur les affaires qui polluent l’étrange campagne 2017.

Mais à défaut d’un jugement aussi définitif que celui de l’écrivaine, d’autres adjectifs se dessinent nettement. On peut en dresser la liste: solitaire, cynique et sans scrupule.

Solitaire, François Fillon l’est à coup sûr, depuis l’hémorragie subie après ses attaques contre l’autorité judiciaire et le rassemblement du Trocadéro. « Droite radicalisée », avait répondu Alain Juppé, « réduite à son noyau dur ». Preuve qu’il existe une droite modérée qui n’acceptera jamais de s’abîmer dans la remise en cause des institutions républicaines. À cet égard, le cas Perben est frappant. L’ancien Garde des Sceaux de Jacques Chirac, chargé pendant la primaire du « programme Justice » d’Alain Juppé, n’a pas supporté la théorie du « coup d’État judiciaire » : goutte d’eau sur pierres brûlantes. Il vient, non pas de rejoindre Emmanuel Macron, mais de lui apporter son soutien.

Cynique, cela ne fait plus aucun doute. Acculé par des affaires dont son comportement est la seule cause, François Fillon sort la grosse Bertha du complotisme. « On cherchait un cabinet noir, on l’a trouvé », affirmait-il, jeudi soir, dans l’Emission Politique sur France 2, visant le président de la République. Pour déclarer au quotidien Ouest France, à peine 24 heures plus tard, débonnaire, « je ne sais pas si c’est vrai ! ». Il y a du Donald Trump dans cette façon de vriller le débat public et dans un rapport à la vérité pour le moins élastique. Les auteurs du livre sur lequel François Fillon s’appuyait pour crier à la « machination » démentent? Peu importe. La bouteille est lancée dans une mer agitée. Et c’est l’essentiel, au yeux du candidat : « il fallait réaliser un coup pour réagir à un contexte politique difficile », avoue un proche du candidat dans le journal Le Monde.

Sans scrupule, enfin, quand François Fillon convoque la figure de Pierre Bérégovoy et son geste fatal – c’était il y a 24 ans, au bord d’un canal, à Nevers – pour instiller quoi, d’ailleurs? Si ce n’est qu’il aurait pu, lui aussi, basculer dans l’irréparable. Étrange et sournoise façon, pour défendre son honneur, que de le livrer à cette écoeurante comparaison… Les proches de Pierre Bérégovoy y voient « l’utilisation d’un symbole pour une tactique politique ». Ils ont raison, forcément raison.

Mais le pire est ailleurs. En détournant l’élection présidentielle de son objet – construire l’avenir d’un pays en plein doute sur lui-même -, en allant chercher dans les poubelles de l’histoire le sursaut qui pourrait galvaniser des troupes radicalisées, François Fillon met le pays sous tension, accentue les divisions, creuse un peu plus le sillon d’un populisme effrayant. Et s’interdit, s’il devait être élu président de la République, d’être l’homme d’État qu’il prétendait incarner.

Hier soir, en meeting à Biarritz, des militants LR ont sifflé Virginie Calmels à l’évocation d’Alain Juppé, comme au bon vieux temps de la primaire, si j’ose dire, lorsque le maire de Bordeaux était surnommé « Ali Juppé » sur les réseaux sociaux. On ne peut s’empêcher de penser que ces sifflets auraient dû être tournés vers François Fillon lui-même. Et ceux qui le défendent coûte que coûte, reprennent ses arguments, repoussent chaque jour un peu plus loin les frontières de la démagogie. Dans une course folle, débridée… solitaire, cynique et sans scrupule.

Photo : Georges Gobet/AFP

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