En affirmant, en marge d’un meeting à Toulouse, le 6 mai dernier, que François Mitterrand s’est fait le « complice du génocide au Rwanda », quelques mois après avoir prétendu que « François Mitterrand a porté de la manière la plus radicale et la plus abjecte la politique de la France au Rwanda », la tête de liste du Parti socialiste et de Place Publique à l’élection européenne du 26 mai souille délibérément la mémoire de l’ancien président de la République. Selon M. Glucksmann, François Mitterrand aurait ainsi été le collaborateur actif de l’assassinat de 800.000 Tutsi entre les mois d’avril et juillet 1994.
M. Glucksmann reprend à son compte les accusations traditionnellement portées par l’extrême droite et l’extrême gauche françaises envers l’ancien président socialiste. Il confond l’indispensable critique de la politique africaine de la France post-coloniale – du Général de Gaulle jusqu’à Nicolas Sarkozy – avec l’accusation, grave et scandaleuse, de complicité de crime de génocide.
Après avoir appartenu à une formation politique libérale puis soutenu, tour à tour, Nicolas Sarkozy, Benoît Hamon et Emmanuel Macron, M. Glucksmann s’essuie les pieds sur la figure de François Mitterrand, le fondateur du parti socialiste d’Épinay, l’initiateur d’une gauche de gouvernement qui acceptait la confrontation avec le réel, laquelle perdrait définitivement son âme si elle ne dénonçait pas, de la façon la plus claire, les propos de celui qui porte aujourd’hui ses couleurs.
En tant qu’ancien directeur de cabinet de Gilbert Mitterrand, et parce que je sais d’où je viens, je m’associe aux 23 anciens ministres de François Mitterrand qui viennent d’interpeller le premier secrétaire du Parti socialiste. Je demande ainsi à M. Glucksmann de retirer ses propos et de présenter, dans les meilleurs délais, des excuses publiques.